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Le tourisme entraîne de nombreuses retombées positives sur une économie. Mais il s’accompagne aussi d’effets néfastes à l’environnement et à l’homme. Pour les contrer, voire les éviter, de nouveaux modes de tourisme plus responsables voient le jour. Certaines destinations s’y prêtent davantage que d’autres. Il faut toutefois faire attention aux discours qui embellissent ou dénigrent la réalité derrière ces concepts. Dans tous les cas, quelques gestes permettent de rendre un voyage plus durable et responsable.

Sommaire de l’article

Qu’est-ce que le tourisme durable ?

« Un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil »

— Organisation mondiale du tourisme

Le tourisme durable, tourisme responsable ou encore développement durable du tourisme, est une forme de tourisme qui cherche à concilier la pratique du tourisme avec les objectifs du développement durable. Il s’agit donc d’une alternative au tourisme de masse. Il repose sur les trois piliers du développement durable : social, économie et écologie. Concrètement, il cherche à minimiser ou compenser les effets négatifs du tourisme sur les territoires, les populations et les cultures locales. On distingue plusieurs formes de tourisme durable selon les piliers sur lesquels est bâtie la politique de durabilité d’un territoire : tourisme solidaire, éco-tourisme, slow tourism, tourisme social, tourisme participatif, tourisme d’aventure ou encore tourisme rural.

Le besoin d’un développement durable du tourisme est né au milieu des années 1990 du constat des effets néfastes du tourisme de masse sur l’environnement et sur l’homme. Les principes du tourisme durable sont définis par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), une institution spécialisée de l’ONU. Concrètement, le développement durable dans le tourisme cherche à répondre à trois objectifs principaux : préserver les ressources naturelles et la biodiversité, ne pas altérer le patrimoine matériel et immatériel des cultures locales, faire bénéficier à tous de la pérennité et du développement économique des territoires touristiques.

Quelles sont les conséquences du surtourisme ?

En 2018, avant la crise du tourisme due à la pandémie de Covid-19, le tourisme international avait rapporté 1 700 milliards de dollars. La même année, on comptait aussi 1,4 milliard de touristes. Mais ce nombre élevé de touristes a des conséquences sur le patrimoine historique et culturel, l’environnement et les populations.

Des conséquences sur l’Homme

La première conséquence du surtourisme touche directement les Hommes. En effet, le tourisme de masse peut altérer la vie des populations locales. Il peut par exemple déposséder les peuples de leurs terres, contribuer à la dispartion de la culture locale ou encore participer à l’émergence d’une économie souterraine.

Des conséquences sur le patrimoine

La seconde conséquence du surtourisme concerne le patrimoine. En effet, le tourisme de masse provoque une saturation des sites touristiques qui deviennent inadaptés à ces flux. Les exemples de destinations touchées sont nombreux : Venise, Bali, Barcelone, Amsterdam, Dubrovnik, Rome, Paris ou les ruines du Machu Picchu. Dans ces destinations, cela se traduit par des transports bondés, une surfréquentation ainsi que des nuisances sonores qui défigurent ces sites. Ils deviennent également déséquilibrés pour les populations locales. On voit par exemple apparaître des phénomènes de gentrification et de disparition des logements et commerces locaux au profit d’activités et d’hébergements touristiques, notamment depuis l’apparition d’Airbnb en 2008.

Des conséquences sur l’environnement

Une dernière conséquence du surtourisme touche l’environnement. Le tourisme de masse exerce des pressions sur l’environnement et le climat, avec des effets négatifs multiples. L’abandon des déchets dans la nature, la surconsommation des ressources naturelles, la pollution accrue de l’eau, de l’air et des sols, la destruction des écosystèmes, le réchauffement du climat et la disparition des espèces en sont les principaux. Le tourisme est également responsable de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Les labels du tourisme durable

Écolabel européen Hébergement touristique

L’Écolabel européen a été créé en 1992. Il est conféré par l’AFNOR aux hébergements touristiques (hôtels, chambres d’hôte, campings, etc.) dans toute l’Union européenne (U.E.) ayant entrepris des démarches de réduction de leur impact environnemental. Concrètement, ils doivent être engagés dans des démarches de réduction de leur consommation énergétique, de transition énergétique, de consommation et de gestion durable et de sensibilisation à la préservation de la nature.

AFAQ Ports propres et Ports propres actifs en Biodiversité

Les certifications Ports propres et Ports propres actifs en Biodiversité sont délivrés par l’AFNOR. Elle sont conférées aux ports de plaisance européens engagés dans une démarche de préservation des milieux marins et de sensibilisation à la protection de la nature.

Clef Verte

Le label Clef Verte (Green Key) est délivré par Teragir et destiné aux établissements d’hébergement et de restauration ainsi qu’aux parcs d’attractions du monde entier. Ceux-ci doivent chercher à minimiser leur impact sur l’environnement et sensibiliser les publics sur la préservation des écosystèmes. Ils doivent par exemple mener une politique de préservation des ressources et de sensibilisation écologique, de gestion de l’énergie et des déchets ou encore de mise en valeur de l’environnement.

Pavillon Bleu

Le label Pavillon Bleu est lui aussi délivré par Teragir. Les communes et ports de plaisance du monde entier peuvent la recevoir. Ces derniers doivent disposer d’un port de plaisance et de sites de baignade cherchant à limiter l’impact de leurs activités touristiques et maritimes sur l’environnement marin. Ils doivent mener des actions d’éducation à l’environnement, de gestion des déchets, de gestion de l’eau et d’accessibilité.

Cittaslow

Par Cittaslow International. Délivrée dans le monde entier aux villes et villages de moins de 50 000 habitants qui œuvrent à l’amélioration de la qualité de vie locale, à la protection du patrimoine, des traditions et de l’environnement.

Green Globe

Délivrée par Green Globe Certification aux entreprises du tourisme en reconnaissance de leur engagement en faveur des objectifs du développement durable et inscrites dans une démarche d’amélioration continue.

Quelles sont les formes de voyage durable ?

Face à de tels dérèglements, les touristes peuvent-ils pratiquer une forme de tourisme alternatif ? Certains adoptent des comportements plus éthiques, économiquement équitables et plus respectueux de la nature et des populations locales. On voit ainsi apparaître de nouvelles pratiques de tourisme alternatif.

Attention au greenwashing dans le tourisme durable

Avec ces nouvelles modes, on voit inévitablement apparaître du côté des entreprises de nouveaux discours et pratiques de greenwashing mais aussi de nouvelles arnaques. Nombre de scandales ont ainsi éclaté au grand jour. Par exemple, des agences de voyage surfent sur la tendance du tourisme durable en proposant des offres en apparence plus vertes que leurs concurrents. En général : planter des arbres pour compenser les émissions de CO2 induites. Mais ces actions se révèlent finalement contre-productives et néfastes pour l’environnement. Une autre affaire autour de faux orphelinats du Cambodge, où des établissements avec de faux orphelins spécialement construits pour une clientèle occidentale en quête de voyage humanitaire a éclaté. De nombreux cas d’offres mensongères ou d’arnaques subsistent. Mais quelques indices permettent de s’y retrouver afin de réaliser un voyage de manière réellement durable.

Quels gestes adopter pour un voyage durable ?

En tant que touriste, il est possible d’agir pour un tourisme durable. Choisir des destinations ou des logements certifiés ou labellisés est une première chose. Mais chacun peut aussi agir à son niveau et s’engager dans une démarche durable en adoptant quelques gestes simples.

🌿 Réduire son impact sur l’environnement et le climat

Il est possible de réduire son impact sur l’environnement et le climat à tous les niveaux du voyage. Par exemple, les transports représentent 70% dans la part des émissions de gaz à effet de serre du tourisme. Il est donc mieux d’opter pour le train plutôt que l’avion si cela est possible. Il s’agit en effet du mode de transport en commun le plus propre . Et s’il est impératif de prendre l’avion, réduire la taille de son bagage est un autre moyen de réduire son empreinte carbone. Un avion lourd consomme en effet davantage de carburant.

De même, une fois sur place, le vélo ou les transports en commun sont à privilégier. En plus d’être moins polluants, ces modes de transports présentent l’avantage d’être moins chers. Pour le logement et la consommation, il vaut mieux se loger dans des hébergements certifiés par les labels ci-dessous ou choisir des établissements qui favorisent le recyclage des déchets ou proposent de la nourriture issue de l’agriculture biologique régionale. En complément, il est important de faire attention à sa propre consommation d’énergie.

🌿 Participer à la vie locale

Une autre façon de voyager de manière plus respectueuse consiste à participer à la vie locale. Consommez des produits de proximité, privilégiez les établissements de restauration et d’hébergement locaux et respectez les coutumes, les traditions et les lois en vigueur. Ce sont des moyens de ne pas perturber la qualité de vie des habitants et de préserver le patrimoine historico-culturel et naturel tout en s’immergeant davantage dans la culture du pays ou de la région.

Le slow tourism s’inscrit d’ailleurs dans cette optique. Il promeut des voyages plus longs et davantage axés sur les aspects environnementaux (en privilégiant les mobilités douces et des logements éloignés des grands sites touristiques) et humains (en promouvant l’échange avec les habitants, le recours à des hébergeurs et des restaurateurs de la région, en adoptant leur mode de vie) afin de réellement s’imprégner de la culture locale.

Des idées de destinations pour un voyage durable ?

Pour réaliser un voyage de manière durable, de nombreuses destinations sont à privilégier selon la politique de développement touristique durable entreprise par les sites et territoires touristiques, la qualité de vie locale, la surface en zones naturelles, etc. Au départ de la France métropolitaine, nous suggérons les pays suivants : 

France, Belgique, Suisse et Pays-Bas

De nombreuses villes et sites touristiques dans ces pays d’Europe de l’ouest sont certifiés durables (Grenoble, Winterswijk). D’autres sont reconnus pour la qualité de vie qu’ils offrent (Berne, Strasbourg, Bruxelles). Cela peut ainsi être l’occasion de planifier un road trip responsable en évitant les destinations sous tension, comme les capitales française et néerlandaise, en passant par des paysages naturels magnifiques et variés.

Costa Rica

Bien qu’accessible uniquement par avion, le Costa Rica est un incontournable des destinations touristiques durables. Il propose de nombreuses randonnées sur les volcans et dans les réserves naturelles ou des activités d’observation de la faune et de la flore tropicale. Le pays fonctionne essentiellement avec des énergies renouvelables. Il mène aussi une politique de préservation de ses zones protégées et naturelles.

Tanzanie

Vaste pays d’Afrique de l’est, la Tanzanie propose de voyager au plus près de la nature. Il donne à explorer un riche patrimoine naturel (parc national de Tarangire, mont Kilimandjaro, cratère du Ngorongoro, etc.), à observer les animaux les plus appréciés de la savane (lion, léopard, éléphant, rhinocéros et buffle) au cours de safaris ou à s’immerger au sein des tribus indigènes afin de partager leur quotidien.

Mongolie

La Mongolie est accessible en train à l’issue d’un long voyage à travers l’Europe du Nord puis la Sibérie. Les voyageurs choisissent rarement cette destination. Mais elle regorge d’importantes richesses naturelles (désert de Gobi, vallée d’Orkhon, chaîne de l’Altaï, …) et son intérêt se justifie essentiellement par la possibilité de pratiquer le nomadisme auprès des Mongoliens pour s’isoler du monde et se ressourcer.

En résumé, les conséquences engendrées par le tourisme de masse ne sont pas des fatalités. Il reste tout-à-fait possible de voyager de façon durable sans contrainte. Des astuces permettent ainsi aux voyageurs de voyager dans le respect de la nature et des populations locales. Des indicateurs aident également à différencier les lieux véritablement durables des destinations touristiques saturées et en péril.